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24 juil. 2023
A Londres, la fin de l'âge d'or pour Canary Wharf
Alors que la banque HSBC vient d’annoncer son déménagement de l’emblématique quartier d’affaires londonien, l’exode des grands noms se poursuit dans le centre financier de l'East londonien, qui subit le report de ses acteurs historiques vers la City, plus central. Si le travail hybride est pointé du doigt, Canary Wharf croit en une possible mutation.
« Il a perdu son attrait » : le journal britannique « The Guardian » résume ainsi la tendance qui ébranle le quartier financier de Canary Wharf. Coupable désigné : le « travail hybride », combinaison de travail à domicile et au bureau, qui s’enracine dans les usages. En parallèle, le délaissement des bureaux les lundis et vendredis mène les entreprises à opter pour des locaux moins vastes et plus centraux. 

HSBC vient ainsi, en juin, de prendre la décision d'abandonner la Tower of Doom, tour de 48 étages dont le bail expire en 2027, pour retourner à la City : « Un coup porté à la position de Canary Wharf en tant que centre financier mondial », analyse « The Guardian ». 

D'autres illustres locataires ont déjà quitté le centre d’affaires, à l’image du cabinet d'avocats Clifford Chance, qui a annoncé fin 2022 son départ en 2028. Selon de nombreux observateurs, Crédit Suisse pourrait vite suivre cette tendance, sur fonds de suppressions de postes attendues suite à sa prise de contrôle par UBS. 

Un centre d’affaires emblématique devenu « ville fantôme » ?  

« Environ 15,5 % des bureaux de Canary Wharf sont vides, contre 11 % dans la ville », révèle « The Guardian ». Premier bénéficiaire de la dynamique de report : La City, historique quartier financier du centre de Londres, où les loyers restent nettement plus élevés mais où les entreprises optent pour de moindres surfaces.  

Après s'être métamorphosés d'un quai d'arrivage de fruits et légumes en provenance des îles Canaries en un quartier d’affaires longtemps emblématique, mais aujourd’hui en perte de vitesse, les docks de l’est de Londres vont-ils connaître une nouvelle renaissance ?  Pour esquisser cette possibilité, « The Guardian » remonte aux réformes financières de Margaret Thatcher dans les années 1980, rappelant de quelle manière « un terrain vague avec des entrepôts abandonnés s'est transformé en un ensemble de gratte-ciel étincelants où se pressent banquiers et avocats ». 
 
Très dépendant des services financiers, le quartier prend à présent à bras le corps la nécessité de renouveler sa population. Les commerçants y décrivent, en effet, une ville sans âme : les magasins, en horaires réduits la semaine et fermés le week-end, découragent les visiteurs de s'y rendre et les familles de s'y installer. 

Un déficit d’image à rattraper  

« The Guardian » insiste particulièrement sur cette image « stérile » de Canary Wharf, que le quartier tente de quitter via des investissements massifs : depuis quelques années, nouveaux commerces et événements culturels à destination des familles s’y multiplient. Mais les anciens usages ont la vie dure : 75 % des surfaces du quartier restent des bureaux, 20 % des commerces. En 3 ans, seules 3 500 personnes ont emménagé dans les logements récemment livrés. 
  
Le sort de Canary Wharf n'est pas un cas isolé à l’échelle des quartiers d’affaires européens et mondiaux : cette désaffection peut notamment faire penser, en France, à la dynamique à l’œuvre à la Défense, qui peine à se réinventer et dont le taux d'inoccupation tend désormais vers les 16 %.  


Source : Les Echos via The Guardian / reproduction interdite 

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