Comprendre l'immobilier

Besoin de connaître l’actualité immobilière ? D’un cours de rattrapage sur la dernière loi en vigueur ? Ou juste curieux sur un sujet précis ?

06 déc. 2022
En Ile-de-France, les passoires énergétiques largement mises en vente
Plutôt que de rénover, alors que les pires passoires thermiques vont être interdites à la location dès le 1er janvier prochain, les propriétaires franciliens choisissent massivement de mettre en vente leur bien. Attisant toujours plus la tension locative sur un marché déjà compliqué.
Depuis quelques mois, on observe un fort recul des mises en location des passoires thermiques, étiquetées F et G, au profit de la vente. Un an après l’entrée en application du nouveau DPE, les biens G+ seront interdits à la location dès le mois prochain, tandis que l’interdiction s’étendra progressivement aux biens G (2025), F (2028) et E (2034). Et, en parallèle, le gel des loyers des plus mauvaises catégories est déjà effectif depuis août dernier. 

Le constat, quantifié récemment par la plateforme Bien’Ici, est partagé par de nombreux professionnels. Alors qu’il y a un an, 42% des passoires énergétiques présentes sur la plateforme étaient en location, ce chiffre est aujourd’hui de seulement 18%. Les studios sont particulièrement touchés, la proportion des studios F/G en vente étant passée de 40% à presque 75%.  

Une décote encore insuffisante  

L’abondance (relative) soudaine de biens en vente a ainsi fait baisser les prix pour les appartements les moins bien isolés. « Parmi les biens à vendre, le prix moyen affiché des studios classés F ou G est moins élevé que les autres, avec un constat moyen de 15 % à 18 % de décote sur la majorité des départements franciliens », analyse Régis Sébille, spécialiste data chez Bien’Ici. Pour autant, celle-ci ne suffit pas à convaincre les propriétaires de rénover. Le coût, mais aussi la complexité des démarches, démotive largement les bailleurs. S’ajoute à cela un « ras-le-bol », selon Frédéric Pelissolo, vice-président de la Chambre des propriétaires du Grand Paris UNPI. « Il y a une lassitude évidente chez les propriétaires. Dès qu’ils pensent être à jour sur les réglementations, on leur demande quelque chose de nouveau, c’est sans fin. S’ils décident de vendre leur appartement, ce n’est pas parce que l’investissement locatif ne rapporte plus, c’est simplement qu’ils ne peuvent plus assumer toutes les charges et les travaux demandés », alerte-t-il. 

Pour tenter d’accélérer, le gouvernement a annoncé deux réformes pour le début de l’année 2023. Ainsi, seul l’accord de la moitié des copropriétaires pourrait suffire pour voter de tels travaux (contre deux tiers aujourd’hui) et les assemblées générales extraordinaires pourront se tenir à distance pour éviter une attente d’un an entre chaque AG. 

Sceptique sur l’impact des mesures, la Fédération nationale de l’immobilier estime que 500 000 logements privés très énergivores « pourraient sortir du parc locatif » d’ici à six ans. 

 

Source : le Parisien / reproduction interdite  

haut de la page